mardi 22 janvier 2013

"Le CNNum restera maître des sujets qu'il traitera"

A lire sur:  http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/benoit-thieulin-thieulin-conseil-national-du-numerique.shtml
 
Le nouveau président du Conseil National du Numérique (CNNum) explique comment la commission va s'organiser avec le gouvernement et évoque ses premiers chantiers.
JDN. Comment a été orchestrée la composition du nouveau Conseil National du Numérique ?
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Benoît Thieulin, le nouveau président du Conseil National du Numérique (CNNum)© La Netscouade
Benoît Thieulin. C'est la ministre déléguée à l'Economie numérique, Fleur Pellerin, qui a d'une part fait rédiger le décret de refonte du CNNum en mobilisant également les autres ministères concernés. Le constat était que jusqu'à présent, le CNNum avait une dominante business et télécoms trop marquée. Or le numérique est également une révolution technique et culturelle qui par conséquent induit une révolution dans les business model. Internet a été créé par des étudiants libertaires sur des budgets à la fois universitaires et militaires. C'est dans la volonté de reproduire une telle alchimie que Fleur Pellerin et les membres du gouvernement ont nommé ces nouveaux membres. Par ailleurs la parité a été respectée, c'était en même temps naturel car c'est une question non discutable mais également complexe car le digital n'est pas le secteur le plus exemplaire, malgré une progression plus rapide des femmes que des hommes dans ce secteur.

Quelle rupture ce nouveau CNNum va-t-il marquer ?
"Notre but n'est pas de refaire ce que font déjà les think tank et syndicats du secteur"
Par le passé beaucoup de débats traités dans la sphère publique autour d'Internet n'ont pas été bien vécus par le microcosme du Web français. Des frustrations sont donc apparues et ont entraîné beaucoup de "net-bashing". Il va donc falloir renforcer les éléments d'information d'autant qu'il s'agit très souvent de débats à caractère très juridique et également très technologiques dont les implications économiques sont de taille. Notre but n'est toutefois pas de refaire ce que font déjà les think tank et syndicats du secteur. Nous allons nous aider de leurs travaux et instaurer un dialogue entre les parties prenantes du secteur. Notre rôle est également d'éclairer le législateur sur certains sujets, de jouer un rôle pédagogique dans la prise de conscience des enjeux du numérique.

Comment allez-vous travailler avec le gouvernement ?
Le gouvernement pourra nous saisir sous différentes formes. Certaines saisines le sont pour avis direct, il s'agit là par exemple de ce qu'il va se passer sur le sujet de la neutralité du Net. D'autres seront davantage d'ordre consultatif mais tout l'enjeu est de trouver ici un équilibre entre des réponses de notre part qui ne soient pas de l'eau tiède et des avis qui ne soient pas que binaires. D'autres saisines auront pour objectif l'organisation de concentrations comme ce qui typiquement va nous être soumis à l'égard du rapport Colin Collin sur la fiscalité du Net. L'exercice sera cette fois d'organiser une concertation avec les acteurs du secteur. La forme n'est pas encore définie mais il peut s'agir par exemple d'auditions et quoi qu'il en soit, nous souhaitons nous imposer des règles de transparence en la matière et faire en sorte de mettre à disposition du public l'ensemble des éléments constituant nos réflexions. A terme et en fonction de nos moyens nous souhaiterions également mettre en place un système de démocratie participative pour dialoguer avec l'ensemble des citoyens.

A quoi vous sert votre pouvoir d'auto-saisine ? Quels sont les sujets qui seront prioritairement abordés ?
"Nous nous laissons la possibilité de nous pencher sur des sujets que l'on qualifiera d'importants"
Le CNNum restera maître des sujets qu'il traitera, raison pour laquelle nous nous laissons la possibilité de nous pencher sur des sujets que l'on qualifiera d'importants grâce à l'auto-saisine. Cela nous permettra de rester ouverts. Par ailleurs et pour éviter de vite nous retrouver débordés, le CNNum dispose également du pouvoir de refuser des saisines.
Les premiers sujets qui seront abordés par le Conseil sont, comme je l'ai évoqué, la question de la neutralité du net qui naturellement prendra en compte les récents événements ayant opposé Free et Google sur le blocage de la publicité, la fiscalité du numérique suite au rapport Collin et l'inclusion numérique, sujet qui englobe la question de la fracture numérique, des espaces publics numériques et du coworking.

Est-ce que le CNNum va jouer un rôle dans la politique d'investissement de l'Etat ?
Nous disposons de par notre nature d'un rôle de prospective et de fait nous pouvons nous autosaisir et mettre un coup de projecteur sur un secteur ou une filière, qui par la suite pourrait faire l'objet d'intérêt de la part de la Banque publique d'investissement. Lors de ses vœux, François Hollande avait indiqué qu'il souhaitait qu'on l'éclaire sur les choix d'investissements de l'Etat en 2013. Je pense qu'il va falloir accompagner la France dans ses choix d'investissement puisque l'Etat a tendance à vouloir un peu tout financer. De par notre indépendance, nous pouvons prendre le risque de donner des directions en matière d'investissement.

A titre personnel, quelles sont les choses que vous souhaiteriez voir changer dans le numérique ?
"Il faut approfondir la réflexion dans les secteurs de l'éducation et de la santé"
La France est un pays clivant à différents niveaux où l'on oppose très souvent les grandes sociétés américaines aux PME françaises, le secteur privé et le secteur public ainsi que le secteur marchand et le non marchand. L'un des grands enjeux est de rompre avec ces clivages. Tous les secteurs sont touchés par la révolution numérique. A titre personnel j'estime qu'il faut notamment approfondir la réflexion dans les secteurs de l'éducation et de la santé, qui n'ont pas encore fait leur révolution numérique. Les dispositifs existent mais le pas entre les moyens et les usages n'a pas encore été franchi. Les institutions doivent intégrer davantage ces problématiques et accompagner les professionnels. Il en est de même dans l'univers diplomatique puisque nous sommes désormais à une époque où le numérique se dote d'un rôle de plus en plus marqué dans les relations internationales.

Diplômé de l'IEP de Paris, Benoît Thieulin débute sa carrière en tant qu'attaché TIC à l'ambassade de France de Jakarta en 1997 pour prendre en 2000 la tête du département multimédia su Service d'information du gouvernement.  Il fonde en 2004 un observatoire de veille sur les nouveaux médias puis le portail Touteleurope.eu en 2006. Il coordonne le portail Désirs d'avenir en 2007 pour le compte de la candidate PS aux présidentielles, Ségolène Royal. A la fin de la campagne, il fonde l'agence spécialisée en communication digitale La Netscouade avec quatre autres associés.

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