vendredi 22 juin 2012

Le second screen ou comment moderniser nos programmes TV

A lire sur:  http://www.infodsi.com/articles/133591/second-screen-moderniser-programmes-tv-franck-coppola-president-hexaglobe.html?key=

- Par Franck Coppola, Président d’Hexaglobe

jeudi 21 juin 2012
L'arrivée de la télévision connectée promet de faire rentrer l'interactivité dans le salon. Or, si techniquement tout est prêt pour cette révolution, notamment en France où les "box" des fournisseurs d’accès comprenant déjà le dispositif technique, les usages peinent à décoller et restent cloisonné à des services de catchup et VOD. Ceci est principalement dû au fait que la télécommande reste le principal outil d'interactivité utilisé pour interagir avec son téléviseur.

Le « second screen » ou « second écran » va permettre un usage concerté et intelligent de la télévision, des smartphones, des tablettes et ordinateurs grâce à une communication entre ces appareils.

Le second screen promet ainsi de changer la donne car il permettra aux utilisateurs d’interagir avec le programme TV en cours et de participer, commenter, jouer en créant dans un premier temps un écosystème autour de programmes TV ou VOD et, dans un second temps certainement, des concepts de programmes pensés pour le « second screen ».
Cette interaction pourra prendre la forme de la consultation d’informations complémentaires comme c’était déjà le cas avec le télétexte et les services naissant autour de SmartTV et HbbTV. Mais ici, les interactions pourront être plus riches, comprendre des images et des textes et seront plus aisées à consulter sur tablettes ou smartphones.
Mais à moyen terme, des interactions plus riches vont être proposées autour des programmes. Ainsi, on pourra participer à des jeux concours, renvoyer en live son avis sur un programme ou la performance d’un invité, et même voter en direct pour choisir la suite du programme. Ainsi, le second screen va être un des outils de la délinéarisation.

L'utilisation du second screen intégrera de nombreuses applications :
Des interactions en direct avec les réseaux sociaux sans perturber la visualisation du direct. Ceci aura des conséquences importantes pour les chaînes car dès lors, l’interaction avec les réseaux sociaux va devenir très importante pour elles. Ainsi, si les spectateurs aiment un programme ou souhaitent le commenter, ils vont pouvoir le faire sur Facebook et Twitter en temps réel tout en continuant à le regarder. Ils pourront débattre en temps réel avec leurs amis. Ceci peut avoir un impact important sur l’audience, un programme générant beaucoup d’exposition sur les réseaux sociaux sera en effet de nature à attirer des spectateurs supplémentaires, au détriment de ceux qui génèrent peu d’interactions. En clair, après avoir révolutionné le web, la dimension sociale va s’immiscer dans le broadcast.

L’organisation de jeux concours en parallèle avec les émissions. Ceci pose la question de la monétisation pour des chaînes habituées à monétiser leurs jeux concours via des services audiotel ou SMS+. Les outils de monétisation du second screen restent à inventer et c’est une grande source d’opportunités.
La possibilité d’un support publicitaire complémentaire, l'interactivité pouvant ainsi être valorisée par les régies sans nuire à la monétisation du programme principal.

La participation à un jeu télévisé sur sa tablette ou son téléphone synchronisé avec le programme télé en cours.
L’accès à des informations complémentaires lors de la visualisation d'un documentaire.
L’utilisation de son téléphone ou de sa tablette comme une télécommande évoluée pour naviguer aux seins des bouquets VOD et télé connectés. Il s’agit d’un usage très simple mais celui-ci est de nature à permettre à la télévision interactive de rentrer réellement dans nos foyers.

Les avantages du second screen sont multiples. Voici les principaux :
Le programme n'est pas interrompu par l'affichage d'informations à l'écran : l'interactivité ne gêne plus la visualisation. Ceci est un point très important pour les broadcasters qui ne souhaitent pas que l'interactivité leur détourne leur audience.

Un écran tactile permet une variété d'interactions plus riches et ceci est important pour le consommateur qui ne souhaite pas avoir une expérience utilisateur pénible.
Mais surtout, cette nouvelle façon d’interagir avec sa télévision va créer de nouveaux usages dont certains n’ont surement pas encore été imaginés.

On l’a vu avec le succès des sites internet de vidéo, les consommateurs sont à la recherche de nouvelles façon plus interactives et moins passives de regarder les contenus audiovisuels. Au commencement de la vidéo sur Internet, les spectateurs ont même accepté une qualité d’image fort médiocre afin d’avoir accès à cette interactivité. Aujourd’hui, la qualité des offres de vidéo sur internet se rapproche de plus en plus de ce qui est diffusé à la télévision. Ce mouvement va s’amplifier dans les années à venir.
Toutefois, en termes de convivialité et de confort, le PC n’a pas rattrapé la télévision. Il en est de même pour les tablettes et téléphones mobiles.

L’avènement des télévisions connectées et de la norme HbbTv vont dans le bon sens, mais l’ergonomie ne suit pas. La télécommande des téléviseurs n’a pas été conçue pour cet usage et cela se sent. C’est avant tout pour cela que les gens continuent à utiliser passivement leur téléviseur et à utiliser leur PC, téléphone ou tablettes pour regarder des contenus interactifs. Le second screen est donc l’opportunité d’offrir aux consommateurs cette brique manquante. Dès lors, il est certain qu’une partie des usages interactifs vont se rabattre du PC vers le téléviseur.

On parle de télévision interactive depuis les années 90. Pourtant, cette façon de regarder la télévision n’a jamais réussie à devenir une réalité. Jusqu’à une époque récente, les obstacles étaient de nature technique. Ils sont aujourd’hui uniquement principalement de nature ergonomique (du moins du côté de la demande) : c’est là que le second screen, en faisant appel à l’ergonomie des smartphones et des tablettes, permet de réussir ce saut dans l’interactivité. Du côté de l’offre, il va bien sur falloir produire des programmes. Mais dès que les premiers programmes vont arriver, c’est la demande des consommateurs qui va tirer l’offre.

Cela va provoquer un séisme sur les marchés de l’audiovisuel : d’une part car il va falloir produire ces nouveaux contenus et services attendus par le public afin de satisfaire aux attentes des consommateurs. Et d’autre part, car la façon de regarder la télévision va changer. Dès lors de nombreux secteurs vont devoir se réinventer comme la mesure d’audience ou la façon de vendre de la publicité. L’arrivée des réseaux sociaux dans le monde de la télévision va également avoir de nombreuses conséquences.

Nous assisterons dans un premier temps à la mise en avant de réseaux sociaux au sein de programmes ou à l’ajout d’informations complémentaires sans toucher réellement au concept du programme. Dans un second temps, les programmes seront certainement créés pour s’adapter dès leur conception à ces nouvelles possibilités.
Dès lors, le second screen est une formidable opportunité ouverte à tous les acteurs de l’audiovisuel qui souhaiteront en profiter.

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